Nous entendons par capitalisme un mode d’exploitation du travail et des ressources réalisé par des sociétés anonymes détenues par des apporteurs de capital également responsables de l’orientation politique de ces entreprises. Dans sa phase actuelle, le capitalisme concentre quelques entreprises formant des oligopoles dans la majorité des filières de production et dans le placement financier. Il comprend également les institutions administratives publiques et privées qui définissent les règles des échanges et les normes internationales.
Les petites entreprises de type artisanal, commercial, agricole etc., n’appartiennent pas au capitalisme. Elles appartiennent, comme l’essentiel de l’économie sociale, à des systèmes marchands localisés qui fonctionnaient bien avant le mode d’exploitation capitaliste mais sur lesquels celui-ci tente d’imposer ses règles de fonctionnement.
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J.-F. Draperi - Revue internationale de l'économie sociale
Dans ce texte, écrit en 2010 et concernant à l’origine l’entrepreneuriat social, Jean-François Draperi estime par ailleurs qu’il est essentiel de comprendre les dynamiques du capitalisme et de maintenir un pôle de pensée qui alimente et se nourrit des pratiques alternatives au capitalisme.
Dix ans plus tard, en 2020, la pandémie du Covid 19 confine la moitié de l’humanité, amène les États à agir de façon massive contre le « marché » et balaye (tout au moins provisoirement) les contraintes financières qui imposaient leur loi. Au sein de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), les solidarités se multiplient : fabrication de masques protecteurs, distributions alimentaires, animations confinées, etc.
Quelle sera la portée de ces initiatives ? Quels enseignements l’ESS pourra-t-elle tirer de cette crise ? Comment pourra-t-elle prolonger ses engagements ?
Typiquement, l’ESS peut-elle dorénavant se « contenter » de brandir la référence à ses « valeurs » ? L’ESS peut-elle continuer de s’inscrire dans une « complémentarité » avec l’économie « classique », « traditionnelle », « capitaliste »…? N’est-il pas temps, n’est-il pas urgent, d’affirmer que, au delà des « valeurs » portées par l’ESS, c’est tout un système économique, le capitalisme, qu’il convient de combattre ?
Et puis, au-delà d’une forme d’incantation, l’ESS ne se doit-elle pas d’expliciter ce que recouvre ce propos : « combattre le capitalisme » ? Dans le concret, il s’agit par exemple de reprendre à nouveaux frais les questions suivantes :
- se placer hors de la loi du marché
- la propriété des moyens de production
- la socialisation intégrale des activités économiques essentielles, sous le contrôle des travailleurs, travailleuses, usagers, usagères, habitants, habitantes
- le contenu de la production : quels biens, quels services sont nuisibles ? Quels biens quels services, sont des « biens communs », qu’il importe de placer sous le régime d’une « propriété sociale » ?
- l’autogestion
- la place du travail dans notre vie
- les conditions de travail
- ESS et services publics
- etc.
Au travers des chroniques radiophoniques qui suivent, Micros-rebelles souhaite aborder l’ensemble de ces questionnements. N’hésitez pas à vous y inscrire ! ….